Plafonds et charpente
La maison de Mado est inspirée d'une véritable maison dans le vieux quartier historique d'Orléans, le quartier canonial autour de la cathédrale (voir la partie 1 sur les façades pour les brèves données historiques).
Lors de sa première visite, Mado découvre avec toute sa famille les plafonds sculptés de cette demeure. Ils découvrent une diversité de motifs dont la poésie cloue le bec à Mamiyan, ce que tout le monde apprécie ;).
Bienvenue pour une petite visite confortable, car tout en photos, ce qui vous évitera le torticolis...
Voici une vue d'ensemble des plafonds du rez-de-chaussée : c'est actuellement une grande pièce, mais elle était vraisemblablement divisée en plusieurs petites pièces lors de sa construction :
On voit bien sur cette photo les grandes poutres maîtresses taillées dans un seul et même tronc, comme Ben les évoque lorsqu'il donne son "cours d'architecture" à Mado et leur mère. Ces poutres sont sculptées en leur haut et sur leurs angles.
Entre chaque poutre maîtresse, les plus petites sont appelées solives et elles sont elles-mêmes sculptées.
La poésie de ces sculptures sur bois et la délicatesse de leur réalisation méritent vraiment qu'on rende hommage au savoir-faire des artisans qui les ont effectuées.
Commençons par nos grosses poutres, qui sont sculptées sur toute leur longueur :
Coquilles nouées : on distingue bien les fameuses coquilles Saint-Jacques, et, entre chacune d'entre elles, ces petites cordelettes artistiquement entortillées.
Cordelière à nœuds.
Plusieurs nœuds sont répartis sur toute la longueur de la poutre, tous les 1,50 mètres à peu près. Le nombre de nœuds collés les uns aux autres n'est pas toujours le même.
Cordelière à perles simple :
Plus sophistiqué :
Cordelière avec feuilles et perles.
Ces perles ont une taille intermédiaire entre la balle de ping-pong et la balle de tennis. Elles se succèdent ainsi sur toute la longueur de la poutre, regroupées par trois, en alternance avec une perle de forme losangée. Aucune n'a le même motif !
A la fin des poutres, la cordelette se termine par des pompons, ou glands :
La petite étoile toute simple sur cette dernière perle, là, c'est drôlement joli, non ?
Il faut dire que, comme pour les façades, c'est avec les gros plans des photos que nous nous sommes rendu compte de la finesse et de la diversité des détails !
Motifs un peu différents ci-dessus : des écailles.
Ici, des motifs d'oves et pointes de flèches : les oves sont les formes ovoïdes (= les œufs). Curieusement, ils n'ont pas été peints partout de la même manière, ce qui donne par endroits de jolies guirlandes de cœurs :
Sur cette dernière photo, juste au-dessus de la "guirlande", on observe des motifs simples d'arceaux.
Pour rester dans un registre poétique, les sculptures ci-dessous font apparaître des rubans tournant en spirale, avec de petites fleurs...
... ou de petites perles plates :
Tiens, un copain de Mado et Ben :
Bon, d'accord, je le mets l'endroit, ça vous évitera le torticolis et/ou le bris d'ordinateur :) :
C'est en particulier l'étude des motifs sculptés sur les poutres qui a permis de dater la construction de la maison. En effet, certains motifs datent du gothique tardif (fin du XVe siècle), comme ces oves, pointes de flèches et arceaux. D'autres empruntent à un registre italianisant qu'on retrouve partout à la Renaissance dans le Val de Loire (1ère moitié du XVIe siècle) : fleurs, perles...
Cette association de motifs typiques d'époques différentes a permis, entre autres éléments, d'estimer la date de construction de la maison à une fourchette entre 1515 et 1530.
Passons maintenant aux petites sœurs les solives :
Sur cette photo on voit bien que ces petites poutres sont sculptées de sortes de plis sur toute leur longueur : on les appelle des moulures en plis de serviettes !
Régulièrement, on trouve de petites médaillons renfermant différents motifs : des fleurs stylisées, des pommes de pin, des coquilles...
Comme pour les pilastres des fenêtres, les artisans ont pris grand soin de varier leurs sculptures, par exemple pour les fleurs. La fleur d'acanthe, typique de la Renaissance, est particulièrement mise à l'honneur :
Et une dernière fleur, à côté d'une "pomme de pin" :
Quelques mots sur la charpente : elle est d'origine dans cette maison. La photo suivante donne une vue d'ensemble :
Cette charpente est composée de 3 ensembles triangulaires : on en voit un morceau ici au premier plan, puis un deuxième au milieu de la photo et le dernier tout au fond à moitié pris dans le mur.
Chaque ensemble a été assemblé sur place : en effet vu la taille des éléments (8 mètres de long, 5 de haut !), on ne pouvait pas transporter les morceaux montés. On faisait donc une marque simple sur chaque pièce, pour savoir à quel ensemble elle appartenait, et remonter ainsi correctement la charpente au moment de l'assemblage sur site :
On voit bien également sur ces photos les traces de coups de hache. C'est curieux d'ailleurs que cette charpente ait été taillée à coups de hache, car on se servait déjà de scies à cette époque !
Documentation : Clément Alix, archéologue au service archéologique municipal d'Orléans.
Photos : Jean Bourgeois et Anne Bourgeois